Petit rappel : le Va-et-vient est un échange entre auteurs qui écrivent un texte, illustré ou non, sur le blog de l’autre. Les 11 premiers volets sont publiés dans la catégorie Va-et-vient.
J’ai le plaisir de retrouver Nicolas Bleusher, qui publie ma contribution dans son Atelier. C’était lors d’un premier échange avec lui que j’avais rencontré Diego et L’As dans un bus raté : c’est l’occasion de revoir nos héros de l’absurde pour ce mois d’avril !
3 autres duos complices se sont formés :
Marie-Christine Grimard (Promenades en ailleurs) et Marlen Sauvage (Les ateliers du déluge) ; Isabelle-Marie d’Angèle et Jérôme Decoux (Carnets paresseux) ; et les deux Dominique : Autrou (La distance au personnage) et Hasselmann (Métronomiques).
Le va-et-vient 13 sera publié le vendredi 03/05 et aura pour thème « L’invention d’un hasard ». Nous aurons une invitée spéciale pour l’occasion, une citation de Jack Kerouac : « J’étais assez saoul pour accepter n’importe quoi. » (extrait de Sur la route). On vous attend au tournant !
En attendant je vous souhaite un bon voyage avec Nicolas !
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Complicités — Dans l’étrange apesanteur
À Kambhara vous irez ; vous saurez bien comment. Et qu’importe si le chemin vous semble long : à Kambhara le temps s’est arrêté. Un matin, en hiver, quelque part entre hier et autrefois. Le vent s’est tu dans les bosquets, laissant les arbres nus, verglacés, sous la lumière parfaitement assourdie d’un ciel toujours gris.
Quand vous arriverez — car vous arriverez — le silence sera votre règle. Là-bas, quand ils se croisent, les hommes se parlent d’un sourire, se comprennent d’un regard échangé. Complices.
À Kambhara on marche tout le jour — qui n’est pas — marquant sans effort et sans bruit la neige tombée pendant la nuit — qui n’est plus. On marche à la recherche d’un livre, du livre suivant. Les livres, à Kambhara, sont pareils à des fruits : libres et légers, suspendus dans l’étrange apesanteur. Ils racontent les peines et les joies de ceux qui sont passés, ici, avant. Vous en lirez beaucoup. Autour du feu, dans le confort laineux des vieux plaids à carreaux, au creux d’une maison voisine toujours ouverte et pour vous toujours accueillante.
Si bien que l’envie d’écrire le vôtre, un jour, vous prendra la main. Vous l’accoucherez sur une table. Et qu’importe si le travail vous semble difficile : vous aurez trouvé votre but. Alors les voix et les couleurs, les émotions, les plaisirs, tous les parfums, ces bonheurs oubliés, ces douleurs enfouies réchaufferont vos doigts, à nouveau résonneront sous votre plume. Alors vous marcherez, une dernière fois, à travers le paysage immaculé. Et vous déposerez, dans l’air froid et sans odeur, le livre de votre vie.
Texte : Nicolas Bleusher. Illustration : Quint Buchholz
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